Lectoure : vers la recherche de financements pour la réhabilitation de la piscine

Lectoure dispose une piscine panoramique unique en France. Elle a été inaugurée en 1966. Elle constitue un moyen d’attractivité de la ville. Elle est visitée par les touristes, les enfants du canton, les scolaires qui apprennent à nager et les habitants du territoire de manière générale. C’est un moyen pour ceux qui vivent du tourisme (hôtel, familles d’accueil et hébergeurs) de remplir leurs carnets de réservation. En avril 2022, suite à plusieurs alertes lancées en l’occurrence par les services techniques de la mairie, le maire a pris la difficile décision de fermer la piscine. Ce choix a choqué quelques habitants, quelques touristes et les habitués de Lectoure. Elle était toutefois justifiée.

La piscine ne répond à aucune norme, ni de sécurité ni d’accessibilité

Le traitement d’eau, la tuyauterie (des pompes au bassin), la sécurité incendie et électrique, les plages extérieures bassins étaient dans un état critique et extrêmement dangereux. Aussi, à vue d’œil, on constate aisément les fers rouillés, les poutres béton abîmées. Cela est malheureusement la partie visible de l’Icerberg. À date, l’état de la partie supérieure de la structure est inconnu. Presque toutes les machines sont défectueuses, les bassins, les dallages ne sont plus en bon état. Les sanitaires, les cabines de douche sont fortement dégradés. Ce n’est donc pas une question de rafistolage, d’un coup de peinture, mais d’énormes travaux à réaliser avec un coût financier très conséquent que la mairie ne peut à elle seule assurer. Fort de ce constat sans appel, en toute responsabilité et parce qu’il fallait éviter que le pire ne se produise, pour le public visiteur, nageur et accompagnant, la fermeture a été décidée. Mieux, un agent de la mairie qui travaillait sur la piscine est aujourd’hui totalement allergique au chlore à cause d’une absence d’aération. C’est donc la sécurité des habitants et des agents de la municipalité qui était également en jeu.

Contrairement à ce qu’on a laissé entendre, l’état de vétusté des installations et la dangerosité des abords de la piscine ne sont pas à prendre à la légère. Une réouverture provisoire n’est donc pas à l’ordre du jour puisque c’est un coût financier supplémentaire dont le mobile serait de contenter des humeurs sans réellement travailler à une réouverture sécurisée, répondant aux normes d’aujourd’hui, pérenne et profitable à tous.

La démarche de la mairie après la fermeture de la piscine : du cabinet d’études à la réunion publique

La fermeture de la piscine aussitôt décidée, un cabinet d’études a été mandaté par la commune pour faire une étude de faisabilité. Cela a consisté à faire le diagnostic de l’existant et de proposer des scénarios. Quatre solutions ont été ainsi proposées. La première consiste à remettre la piscine à l’identique. C’est-à-dire neuf et au même endroit. Le coût des travaux est estimé à un million six cent mille euros. La deuxième solution porte sur la remise de la piscine à l’identique avec chauffage, bassins et vestiaires compris. À savoir que tout est froid aujourd’hui. Cela permettra d’améliorer le confort, de répondre au besoin scolaire et d’avoir une utilisation plus souple. En chauffant la piscine, la durée de son ouverture à l’année pourra être prolongée. Le coût des travaux pour ce scénario est chiffré à deux millions cent euros. La troisième solution est de faire porter le projet par la communauté de communes de la Lomagne-Gersoise. Le coût des travaux oscille entre dix à douze millions d’euros. La quatrième et dernière solution est de remplacer la piscine par des jeux d’eau pour enfants et y créer un espace de vie. Le conseil municipal réuni le 30 janvier a retenu la deuxième solution en y ajoutant Etude coûts/bénéfices de l’option « bassin nordique ».

Le jeudi 2 février à 18h, le maire Xavier Ballenghien accompagné de ses adjoints, de l’expert mandaté pour réaliser une étude de diagnostic technique sur la piscine et la société civile se sont entretenus en petit comité. C’était une promesse faite par le maire de tenir cette réunion, de laisser l’expert s’exprimer sur toutes les questions techniques et de partager les scénarios retenus. La société civile a qui l’étude piscine avait été remise mercredi 1er février, est arrivée avec quelques questions auxquelles une entière satisfaction a été donnée.

À 19h, dans la salle de la comédie, devant les habitants venus en nombre, la réunion publique a démarré par la prise de parole du maire. « En 2021, les services techniques ont commencé à nous alerter sur le vieillissement des installations. Pendant les deux années de la période Covid19, les travaux de remise en état ont pu être réalisés à minima, comme cela se faisait depuis de nombreuses années déjà. En 2022, j’ai donc pris la décision de fermer la piscine pour des raisons de sécurité. La sécurité pour accueillir les baigneurs n’était plus assurée. Il a fallu prendre cette décision que je n’ai pas prise par gaîté de cœur » a déclaré Xavier Ballenghien.

Le diagnostic technique a été réalisé par Monsieur P. Bayeux du cabinet ISC — Ingénierie sportive et culturelle et IdeOGreen. Dans sa prise de parole, l’expert a clairement indiqué le niveau de défaillance et de dangerosité de la piscine tout en prenant soin de rappeler la méthodologie de travail utilisée : « Notre travail a d’abord consisté à étudier le site du point de vue administratif et urbain. C’est un site compliqué bien évidemment, dans la mesure où tous les travaux seront soumis à l’autorisation de l’architecte des bâtiments de France. C’est un élément essentiel à prendre en compte. Autre facteur de complexité, c’est la situation de la piscine qui est très inhabituelle puisque vous n’avez pas de voie d’accès dans les locaux techniques, pas de voie d’accès non plus pour le personnel de sécurité. Comme une majorité de piscines de cette génération, des années 60, eh bien, aujourd’hui, elles sont pour la plupart en bout de vie. La vôtre ne fait pas exception ».

Programmation des futurs travaux

Dans la mesure où un scénario a été privilégié par la commune, la programmation a été par conséquent lancée. Cette programmation vise à chiffrer plus précisément les travaux, préparer un cahier des charges, chercher un maître d’œuvre et un architecte. Cette phase permet d’aborder l’étape de préparation des travaux. Le bureau d’étude aura par conséquent une deuxième partie de mission encore plus technique et financière. Ce travail se basera sur le deuxième scénario retenu par les élus et sera sanctionné par un rapport.

La réhabilitation et la rénovation de la piscine exigent un financement. « Il reste une zone d’incertitude, c’est le financement » dit le maire. « Mais nous allons travailler ensemble, d’arrache-pied, pour trouver les financements et inventer un nouveau modèle économique pour le fonctionnement de ce futur équipement. La piscine pour la natation scolaire certes, mais pas seulement. Elle doit redevenir un lieu de vie, d’animation, de convivialité. Il nous faut trouver des partenaires, être inventif, faire appel au mécénat économique et patrimonial » précise Xavier Ballenghien.

Le projet de restauration de la piscine va bien évidemment impliquer un changement de priorité en matière d’investissement. Cela dit, la municipalité est ouverte à toutes les suggestions réalistes et souhaite un climat de sérénité pour mieux poursuivre le travail de réhabilitation de la piscine et faire en plus de son espace un lieu de vie. L’ambition affichée par la municipalité est de rouvrir la piscine à l’horizon 2025 avec toutes les contraintes connues de la commande publique. La remise en état de la piscine publique pour en faire un véritable espace de vie devient une priorité communale.