Monsieur le Proviseur, Madame la sous-préfète, Monsieur le conseiller régional, Monsieur le président du conseil départemental, Monsieur le Dasen, Madame Paty, chers enseignants, chers élèves. Nous voilà réunis à la cité scolaire Maréchal Lannes de Lectoure pour procéder à l’inauguration de la salle portant désormais le nom de Samuel Paty. Nous venons donc rendre un hommage singulier à cet instituteur assassiné il y a deux ans près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine en région parisienne.
Il y a deux ans, en octobre 2020, alors qu’il partait dispenser ses enseignements à ses élèves auxquels il était attaché par la transmission du savoir, le dialogue des intelligences, la culture de la tolérance et la volonté de s’affranchir des idéologies quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent, Samuel Paty a été assassiné par un jeune radicalisé au nom d’une religion.
Samuel Paty a été victime de l’obscurantisme, de la folie meurtrière, de la barbarie et du dévoiement d’une religion au nom d’une idéologie sectaire, d’un islamisme politique haineux. Deux ans après cette lâche et ignoble décapitation, Lectoure et la France entière continuent de se souvenir de ce professeur brillant et gardent encore en mémoire cet épisode difficile qui replonge notre pays dans l’abîme des attentats terroristes dont des centaines de nos concitoyens ont été victimes. Je voudrais ici marquer ma compassion, saluer la mémoire de toutes les victimes du terrorisme et lancer un appel à la solidarité, à la fraternité, au vivre-ensemble. Les terroristes ont un but : nous diviser. Ne cédons ni à la peur, ni à la panique, ni à la facilité. Restons attachés à nos valeurs, car elles nous définissent et vont de nous des Gaulois raffinés.
Mes pensées vont ce soir à la famille de Samuel Paty, à sa sœur ici présente, aux anciens élèves et aux collègues du défunt professeur qui gardent encore aujourd’hui un souvenir douloureux de ces moments qui sans doutent les hanteront à jamais. L’assassinat de Monsieur Paty était un acte terroriste perpétré contre un symbole, celui d’un professeur d’histoire-géographie qui incarnait l’école de la République, le savoir, la liberté d’expression et de pensée, des valeurs qui font la France, des valeurs proclamées dans la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, un idéal auquel nous croyons.
Samuel Paty a été froidement assassiné pour avoir simplement invité ses élèves à l’esprit critique. Or l’esprit critique est le premier et indispensable moyen de discernement des pensées complexes, des idéologies bavardes et des terribles désinformations orchestrées par les réseaux sociaux. L’école est le carrefour de toutes les idées, le réceptacle de toutes les philosophies et le lieu de fabrique du citoyen de demain. L’école permet d’être pourvu de la faculté de distinguer les choses et d’en prendre suffisamment du recul pour mieux appréhender les phénomènes qui nous entourent, les défis de notre civilisation et les enjeux à la fois historiques et géographiques de notre pays et de notre continent. Assassiner un professeur, menacer un enseignant, injurier un instituteur, c’est attaquer l’école laïque et la République indivisible.
Monsieur le Proviseur, chers enseignants. Je suis particulièrement ému et reconnaissant de votre initiative consistant à faire entrer dans cette cité scolaire historique, la mémoire et l’esprit de Samuel Paty. Votre décision de baptiser une salle au nom de Samuel Paty est sans doute l’expression d’une solidarité affirmée vis-à-vis de la famille Paty ; c’est également une manière de défendre la liberté d’enseigner, de penser et de graver dans le marbre comme la Sorbonne le week-end dernier, une partie de l’histoire de l’éducation nationale. Je suis sûr que cette action voyagera dans le temps et inspirera encore longtemps les générations à venir.
L’éducation est la clé de voûte de la société, le moteur de son développement. Elle un rôle social majeur et une importance capitale. Préservons-là et Lectoure par ce geste d’aujourd’hui donne le ton. Nous continuerons à nous souvenir de ce professeur de 47 ans qui a sauvagement été arraché à l’affection de sa famille, de ses proches. Que la lumière de ses enseignements continue de nous éclairer.
Je vous remercie !